Massacres de Beni-Ituri, effets militaires interceptés à Butembo, … : un arbre qui cache la forêt. Des vérités graves, insoupçonnées et troublantes.

Dans un précédent article sur le dossier d’effets militaires interceptés en ville de Butembo, sur base d’éléments crédibles livrés par des sources fiables, le RCD/K-ML affirmait, il y a quatre jours, que le premier suspect dans cette affaire est le Colonel Muzembo.

Ce dernier n’est autre que le Commandant FARDC/Ville de Butembo, celui-là même qui, par profession, est chargé de protéger la population.

Les faits sont clairs :

 

– Destinataire de la marchandise dans le système portuaire de Mombasa : « Ets Mbusa Makelele Pascal, Identification Nationale (IDNAT) 5-93-N60026K, n° de Téléphone : +2439 90 41 07 31 ;
– Container n° : sudu8690658, arrivé au port le 19/12/2021, sortie du port le 28/12/2021 ;
– Plaque d’immatriculation du véhicule portant le container : 679AE19 ;
– Articles transportés tels que consignés : mobilier en bois du genre utilisé dans la chambre ».

Au même titre que le commerçant, propriétaire de la marchandise, le Commandant de la ville s’est constitué en suspect de premier rang parce qu’il a dépêché ses gardes du corps pour récupérer « ses colis » ! Ses bagages ne seraient que des effets militaires : gourdes, écharpes et sacs à dos aux couleurs de la tenue militaire de l’armée ougandaise !

Légalement, il n’y a aucune ambiguïté sur le caractère infractionnel des faits. Sur le territoire congolais, l’Etat Congolais a le monopole de doter les forces loyalistes en tenues et effets militaires. Un commandant militaire qui se permettrait d’en importer, seul dans son coin, se serait rendu coupable d’actes infractionnels punissables par la loi.

Le RCD/K-ML insiste sur des enquêtes qui se doivent minutieuses et sur une audience publique à tenir en ville de Butembo. La raison est simple : les criminels qui tuent à Beni opèrent souvent habillés en tenues militaires qui, sans nul doute, parviennent entre leurs mains par des voies mafieuses.

L’impunité dont les auteurs des massacres de Beni-Ituri jouissent est un facteur important dans leur pérennisation et amplification.

Pour rappel, le Commandant-ville de Butembo ainsi que son bataillon, Unité de Réaction Rapide (URR) qu’il dirige, viennent de la 31e brigade de Défense Principale qui était basée à Mambasa sous le Commandement du Général Muhindo Akili Mundos. Ce dernier avait été déplacé de Beni vers le Territoire de Mambasa (voisin à celui de Beni) en province de l’Ituri après avoir été soupçonné, par la population de Beni, et présenté, par plusieurs enquêteurs indépendants dont ceux de l’ONU, comme le vrai constructeur des « égorgeurs » ou du « phénomène ADF ». Il avait été relevé de ses fonctions de Commandant des opérations SOKOLA 1 après avoir succédé au vaillant Général Bauma, d’heureuse mémoire, décédé le 1er aout 2014 dans des circonstances qui doivent encore être élucidées.

Il est important de rappeler que c’est pendant ce temps, quand Mundos était Commandant de la fameuse 31e Brigade de Défense Principale, que les massacres qui n’étaient jusque-là localisés qu’en ville et Territoire de Beni s’étaient amplifiés. Ces carnages ont atteint, depuis lors, le Sud du Territoire d’Irumu, en province de l’Ituri.

Pour rappel encore, en date du 2 janvier 2014, le Général (à titre posthume) Mamadou Ndala mourait en ville de Beni, dans une zone contrôlée par les FARDC, alors qu’il allait lancer les opérations militaires contre les ADF. L’ennemi était déjà dans la maison !

Quand le Colonel (de son vivant) Mamadou Ndala meurt, le général Bauma, alors Commandant de la 8e Région militaire, prend lui-même le commandement des opérations sur le terrain. Avant de mourir, lui aussi, le Général Bauma affirmait, en date du 4 juin 2014, dans une interview accordée sur la radio okapi au journaliste Martial Papy Mukeba, que l’ADF était réduite de plus ou moins 85 %. Il s’exprimait en ces mots :

« Depuis que nous avons pris la localité de Medina, l’ADF est réduite de plus au moins 85 %. Ils sont en train de vivre leurs derniers moments. Pour nous, l’essentiel est que ces ADF se rendent car ça sera une bonne chose pour nous et pour la communauté internationale» (Lire Général-major Lucien Bauma: «L’ADF est réduit de plus au moins 85%» | Radio Okapi).

Alors que les deux vaillants et protecteurs de la population venaient de mourir, arme à la main, le Général Mundos prend le commandement des opérations SOKOLA 1 et, brusquement, l’ennemi qui était déjà vaincu commence à massacrer la population d’une manière curieuse et très atroce. Ce sont ces massacres qui se poursuivent jusqu’à présent.

Il est à noter que juste au début de ces massacres, une délégation des députés nationaux s’était rendue sur le terrain et avait constaté un relâchement dans les opérations militaires. Ces députés signalaient des actes avérés de non-assistance à personnes en danger dans le chef de certains commandants militaires FARDC. Ils alertaient déjà que ces étonnants commandants neutralisaient, paradoxalement, les militaires patriotes (paix à leurs âmes car nombreux sont morts dans l’anonymat, arme à la main entrain de défendre leurs concitoyens et leur Patrie) pendant qu’ils essayaient de braver des ordres manifestement illégaux de certaines de leurs hiérarchies militaires traitres ou étrangères infiltrées au sein des FARDC.

En plus des Régiments déjà cités pour avoir directement participés aux massacres de la population civile (808e, 809e, 905e, 1006e , « passant noir »,…), il avait été constaté, par le Groupe d’experts de l’ONU, dans leur rapport du 23 mai 2016, que le Général Mundos était le véritable constructeur du nouveau phénomène ADF. Voici ce qu’il en ressort :

« Le Groupe d’experts sait que huit personnes ont été contactées en 2014 par le Général Mundos pour participer aux tueries. Trois membres des ADF-Mwalika lui ont fait savoir que des mois avant le début des tueries en septembre 2014, le Général Mundos avait persuadé certains éléments de leur groupe de fusionner avec d’autres recrues. Selon eux, le Général a financé et équipé le groupe en armes, munitions et uniformes des FARDC. Il est venu à plusieurs reprises dans leur camp, parfois revêtu d’un uniforme des FARDC et parfois en civil. Bien qu’il soit difficile de dire s’ils connaissaient dès le départ la cible, les trois éléments des ADF-Mwalika ont finalement reçu l’ordre de tuer des civils. Le groupe a ensuite reçu des renforts de personnes parlant le kinyarwanda et venant du territoire de Rutshuru et de l’Ouganda… » (Lire page 45).

En date du 1 janvier 2018, il sera sanctionné par le Conseil de Sécurité de l’ONU qui lui reproche entre autres les faits suivants :

« Alors qu’il était le commandant de l’opération Sukola I des FARDC, Mundos a également commandé une faction d’un sous-groupe des Forces Démocratiques Alliées, connue sous le nom de ADF-Mwalika, et lui a apporté un appui. Sous le commandement de Mundos, les ADF-Mwalika ont perpétré des attaques contre des civils avec l’appui supplémentaire des combattants des FARDC, elles aussi commandées par Mundos durant ces opérations » (lire MUHINDO AKILI MUNDOS | Conseil de sécurité des Nations Unies).

Il n’est pas seulement curieux, mais aussi triste et révoltant quand, jusqu’aujourd’hui, toutes ces graves accusations sur des crimes contre l’humanité et même de génocide en cours, passent comme des faits divers ! Ni la CPI, moins encore la Justice Congolaise, ne veulent se saisir de cette affaire ! On dirait que le Général MUNDOS et consorts, sur qui pèsent des sérieux indices de culpabilités, étaient d’office déclarés innocents sans être entendus ni jugé par une instance judiciaire !

Cependant, il n’est jamais tard pour bien faire ! C’est pourquoi le RCD/K-ML exhorte le procureur de la CPI à se saisir d’office de ce dossier. Des mandats d’arrêts internationaux restent impérieux contre toutes les personnes citées et sur qui pèsent des sérieux indices de culpabilité.

L’intérêt dans l’urgence est d’effrayer les criminels en mettant fin à l’impunité dont ils ont longtemps bénéficié et ainsi les mettre hors d’état de nuire.

Certes, l’effet serait le sensible répit et même, qui sait, peut-être la fin des calvaires vécus par les populations civiles.

Dans ce cadre, le RCD/K-ML encourage d’autres « entités compétentes » à saisir la CPI. En premier rang, que l’Etat Congolais et le Conseil de Sécurité de l’ONU saisissent cette cour afin qu’elle prenne, toutes affaires cessantes, la décision d’ouvrir une enquête judiciaire sur cette affaire qui heurte gravement la conscience de toute l’humanité.

Quant à la Justice Congolaise, le RCD/K-ML l’invite à jouer le rôle que la population attend d’elle. Il déplore forcément les faits rapportés par le groupe d’experts de l’ONU dans le même rapport du 23 mai 2016. Au regard même de la situation actuelle, le rappel de ces faits garde tout son sens :

« Malgré l’arrestation des dizaines de personnes accusées de soutenir les ADF, le Groupe d’experts note avec préoccupation l’absence de progrès réalisés par les autorités judiciaires pour faire en sorte que les personnes à l’origine des meurtres soient traduites en justice. Comme indiqué précédemment par le Groupe, les auteurs présumés de meurtres qui ont été arrêtés par des éléments des FARDC n’ont pas été ensuite présentés à des autorités judiciaires (voir S/2015/797, par. 96). D’après deux ex-combattants recrutés pour commettre des meurtres, si un individu ayant participé à des tueries était capturé par les autorités, certains officiers des FARDC s’arrangeaient pour le faire libérer. Outre ces sources, un cadre des ADF-Mwalika et un agent des services de renseignements des FARDC ont indiqué au Groupe d’experts que le major Kapelo des FARDC était l’un des officiers chargés de cette mission.Un ex-combattant a déclaré qu’il avait connaissance d’autres cas où un officier des FARDC avait libéré les auteurs présumés de tueries qui avaient été capturés.Un cadre des ADF et un ancien commandant des FARDC ont également confirmé que, lorsque des auteurs présumés étaient capturés, ils étaient généralement libérés. Le Groupe d’experts a enquêté sur plusieurs affaires, dans lesquelles les auteurs présumés membres des ADF avaient été arrêtés puis relâchés. Il n’est pas en mesure de préciser la raison exacte de leur libération et, par conséquent, ne pouvait pas confirmer si celle-ci était due à des liens de collaboration entre les FARDC et les ADF » (Page 46).

Nombreux chercheurs pensent d’ailleurs que le procès sur le meurtre du feu Général Mamadou Ndala devrait être refait parce qu’il a été constaté que le témoin clé, Monsieur Adrian Muhumuza serait plutôt instrumentalisé pour faire du Colonel Birotsho un bouc émissaire.

A ce propos, voici des extraits du même rapport des experts de l’ONU du 23 mai 2016 :

« En août 2014, un dénommé Adrian Muhumuza, admettant qu’il était un agent recruteur des ADF, s’est rendu à la MONUSCO juste avant le début des tueries. Dans l’exercice de son mandat, le Groupe a interrogé 18 individus qui ont formellement identifié M. Muhumuza. Certains d’entre eux ont confirmé qu’il faisait partie des ADF et d’autres ont dit qu’il était lié aux ADF. Le Groupe a interrogé deux ex-combattants qui ont déclaré avoir été recrutés par M. Muhumuza en 2014 pour rejoindre un groupe armé. L’un d’entre eux a rencontré M. Muhumuza accompagné d’un colonel des FARDC, et les deux hommes lui ont demandé de trouver d’autres recrues qui ne poseraient pas trop de questions. Selon lui, ils ont indiqué que les munitions seraient fournies par les FARDC. En 2013, M. Muhumuza a aussi demandé à un cadre des ADF d’adhérer à un nouveau groupe armé également appelé « ADF ». Selon huit individus, dont deux officiers des FARDC, si M. Muhumuza recrutait pour le compte des ADF, il était aussi lieutenant-colonel chez les FARDC, au service d’un colonel des FARDC du Conseil national de sécurité [Un service qui dépend directement de la Présidence de la République]. Par exemple, selon un membre des ADF, M. Muhumuza a été repéré à plusieurs reprises en 2013 dans un camp des ADF, le camp de Makoyoba II, à l’ouest de Madina. Dans certains cas, il est arrivé avec d’autres membres des ADF; dans d’autres, il s’est présenté avec des officiers des FARDC. Le même cadre des ADF, qui a rejoint ultérieurement les FARDC en 2014, a signalé qu’il avait vu M. Muhumuza à au moins trois reprises revêtu d’un uniforme des FARDC avec le grade de lieutenant-colonel. Il a également reconnu, dans la base militaire à Beni, deux des mêmes officiers des FARDC qui avaient accompagné M. Muhumuza au camp des ADF un an auparavant. Le Groupe d’experts a écrit au Gouvernement de la République Démocratique du Congo et a contacté le Conseil à propos de M. Muhumuza, dont il n’a pas été en mesure de confirmer le statut. Le Groupe a également essayé d’entrer en contact avec M. Muhumuza par l’intermédiaire d’officiers des FARDC et de complices présumés, mais sans succès » (Rapport du Groupe d’experts de l’ONU sur la RDC du 23 mai 2016, page 47).

C’est en connaissance de cause que le RCD/K-ML réclame toujours une justice internationale indépendante sur cette affaire qui, curieusement se poursuit encore ! Le degré de complicité avec l’ennemi au sein des institutions du pays a atteint des niveaux et proportions insoupçonnés.Que cette affaire d’effets militaires interceptés en ville de Butembo soit pour tous les Congolais un révélateur de la conspiration et un déclencheur du sursaut de patriotisme pour contrer la cabale !

La cellule de communication du RCD/K-ML.

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